Tag: Démocratie
L'importance de la diversité
L’uniformité rend un système fragile. On protège la diversité biologique pour un tas de raisons… raisonnables. L’aversion pour la consanguinité, outre qu’elle est traduite dans les usages humains, est inscrite dans le comportement instinctif de la plupart des espèces animales.
La diversité permet à une espèce d’augmenter ses chances de survie à des conditions variables. Historiquement les vraies pandémies ont décimé de grandes parties de l’humanité. Ont survécu les individus qui avaient les bons gènes.
15 mars 2020
Le doute m’a empêché d’avancer, et si je me remets à écrire, c’est qu’il s’est suffisamment estompé. Pas totalement toutefois, et je suis toujours prêt à me remettre en question face à de nouvelles informations.
Depuis mars 2020, la censure s’est abattue sur à peu près le monde entier. C’était à la fois pénible à subir et, pour qui prenait un peu de distance, riche en enseignements, notamment :
-
La censure ça n’arrive pas qu’aux autres, même nos démocraties ont montré leurs limites en termes de liberté d’expression.
Protéger la population
Dans le précédent post, la raison qui me semblait pouvoir justifier la censure était la protection de la cohésion sociale. Est-ce le seul moyen ? Est-ce le meilleur ? La réponse est négative dans les deux cas.
Il y a une raison essentielle pour laquelle les appels à la haine ont eu tant de succès en Birmanie : la population n’y était pas habituée/éduquée à Internet. Et sans cette éducation à une nécessaire distanciation de l’information reçue, l’esprit est particulièrement vulnérable.
Le temps des doutes
La liberté d’expression est un choix politique, et alors que j’en avais fait une valeur supérieure, quelques faits m’ont amené à hésiter. Vous souvenez-vous de l’histoire récente des Rohingyas en Birmanie ?
Un peu de contexte : le pays, très refermé pendant des décennies de pouvoir militaire, venait de s’ouvrir à internet. Parmi les premiers acteurs à investir ce nouveau territoire, Facebook, qui proposait notamment le zero-rating. Ainsi sponsorisé, son service a connu un succès foudroyant dans le pays.
Une pétition pour la censure
Il me semble que les diverses organisations qui proposent régulièrement de signer des pétitions en ligne sont une exploitation représentative de la dynamique participative permise par le numérique : elles proposent régulièrement des sujets de mobilisation au plus grand nombre, se faisant des relais souvent précoces de lanceurs d’alerte et contribuant à mettre une pression citoyenne sur les politiques ou les entreprises qui “agissent mal”.
Or ce matin, je reçois un mail de l’une de ces organisations, dont l’objet est de dénoncer la propagation par YouTube de vidéos climatosceptiques, et “pire”, de générer du profit du fait que ces vidéos génèrent des millions de vues. Le but de la pétition que l’on me propose de signer, est de mettre la pression sur YouTube pour interdire ces vidéos.
De l'impact des "fake news"
Les “fake news” sont à la pensée ce que le brouillard est à la vue : on se perd et on se cogne.
Article paru sur le site “Rude Baguette” début janvier :
La diffusion des fausses informations (notamment sur Internet) est devenue un des enjeux majeurs pour la politique et l’économie contemporaines. Au-delà de la pert d confiance dans les institutions et personnalités politiques (contribuant à la monté de populismes), ces fake news ont un impact sur l’économie mondiale. Une étude récente estime leur coût direct à 78 milliards de dollars. En ajoutant le coût indirect, la facture monte à 100 milliards de dollars.
De la démocratie représentative 2
Le culte de la personnalité
En France (et dans beaucoup de pays) ce sont les élections présidentielles qui mobilisent le plus d’électeurs : quand on vote pour une personne, le programme passe au second plan. Il s’agit alors de séduire l’électorat plus que de le convaincre. La tragédie de la lutte entre raison et sentiment voit (malheureusement ou pas) souvent le second l’emporter.
Les élus sont humains
Tel l’anneau de Sauron qui progressivement avilissait son porteur (cf Le Seigneur des Anneaux), le pouvoir finit par corrompre l’individu. Quelque soient les intentions initiales d’un élu, garder le pouvoir devient rapidement une priorité, parfois aux dépens de l’intérêt public qu’il est censé défendre.
De la démocratie représentative 1
Une démocratie représentative n’est plus une démocratie mais une aristocratie : des élus ont le pouvoir sur un peuple qui le leur a confié. La justification ultime de cette délégation c’est que l’exercice du pouvoir est un travail à temps plein. Mais cette délégation présente des inconvénients majeurs.
Le marketing politique
Se faire élire nécessite de rassembler une majorité de votants autour d’un programme. Les visionnaires convainquant les foules semblent avoir laissé la place aux adeptes du marketing : constituer le programme gagnant passe par les sondages d’opinion et la segmentation de l’électorat. Un candidat doit se vendre, avec tous les travers inhérents à une vente.
Le vote c'est tous les jours
Lorsque l’économie prend le pouvoir sur le politique, l’acte de vote traditionnel perd son sens. Les gouvernements élus ne semblent plus en mesure de représenter leurs citoyens face à des investisseurs ou des créanciers. L’ancien ministre des finances grèques en témoigne.
Dans ce contexte les actes d’achet ou d’investissement sont devenus une nouvelle forme de vote. Il ne s’agit plus bien sûr d’un vote citoyen, où tout votant a une voix. Le pouvoir d’achat devient un pouvoir politique, dont la répartition n’est certes pas très égalitaire.
De la liberté d'expression 3
Suite à l’écoute de certains propos (que je pense trompeurs), j’ai questionné le pourquoi de mon attachement à une totale liberté d’expression, et à m’interroger sur ce qui pourrait justifier la censure. La protection de l’intérêt général ? Des intérêts privés ? Qui est légitime pour fixer les règles ? Et pour arbitrer ? Confier la responsabilité du tri de l’information à une autorité quelconque est-il raisonnable ?
Le chaos informationnel, ou le chaos tout court, sont ils désirables ? Sont-ils même supportables ? D’où nous vient le besoin d’ordre ? N’est-il pas inhérent à toute société ? L’humain n’est-il pas un être fondamentalement social ? Le chaos est-il soutenable dans le temps ? Ne déboucherait-il pas immanquablement sur un nouvel ordre ? Alors pourquoi préférer un nouvel ordre incertain à celui qui est en place ? N’avons-nous pas ancré en nous un besoin de stabilité et de sécurité qui serait alors la justification ultime de toute règle et de la censure ?
De la liberté d'expression 2
Bien sûr, tous les pouvoirs imposent des limites à la liberté d’expression.
Ces limites sont parfois acceptables et globalement acceptées par la population : c’est le cas en France par exemple des propos d’incitation à la haine, de propagande terroriste, de pédopornographie etc. Les EU ont même inscrit la liberté d’expression au premier amendement de leur constitution : là bas les limites sont plus larges (mais à noter que si le parti Nazi y est autorisé, divulguer des moyens pour lire des DVD est interdit par le DMCA).
De la liberté d'expression 1
Si la liberté d’expression était seulement un droit individuel, une majorité de personnes disant “je me fiche de tous ces trucs, je n’ai rien à dire ni à cacher” suffirait à légitimer la censure et la surveillance de masse.
- Au passage il faut noter la vision individualiste de ce type de propos “je me fiche que mon voisin ait des choses à dire ou à cacher” qui a comme corollaires “je n’ai pas envie d’entendre ce qu’il aurait à dire” et “s’il a des choses à cacher c’est que c’est illégal”. Évidemment l’individualisme fait partie des maux qui rongent nos sociétés, mais c’est un autre sujet.
Mais la liberté d’expression est également un bien collectif, et c’est à ce titre qu’elle doit être protégée. La question oriente bien sûr la réponse, et la question à poser pour refléter l’aspect collectif serait plutôt “faites vous aveuglément confiance au pouvoir en place pour défendre l’intérêt collectif ?”
Les serpents ont des jambes
Sans commentaires !
C’était le sujet d’un article précédent.
Comment les données alimentent le fascisme
Yuval Noah Harari explique très bien en quoi les données sont un enjeu de pouvoir, et donc pourquoi éviter leur concentration est indispensable à la sauvegarde de la démocratie. C’est évidemment très bien aligné avec l’idée de PeerStorage dans sa dimension politique.
La suite est reprise depuis le site de TED (je n’ai fait que traduire pour la version en Français).
Introduction
Dans un discours profond sur la technologie et le pouvoir, l’auteur et historien Yuval Noah Harari explique la différence importante entre le fascisme et le nationalisme - et ce que la consolidation de nos données signifie pour l’avenir de la démocratie.
L'économie est-elle le prochain fléau ?
Parfois je me demande si l’humanité n’a pas crée, par l’économie et la finance, son propre golem.
Cela fait des siècles que les entreprises sont devenues des personnes morales. À ce titre elles ont des intérêts et des droits, qui s’opposent bien souvent à ceux des personnes physiques, c’est à dire des citoyens. De plus leur durée de vie n’est pas limitée, ce qui est un avantage immense sur toute personne physique.
Des inconvénients de la vérité
La vérité souffre de deux inconvénients majeurs :
- elle est souvent complexe et demande des efforts pour être comprise, or peu ont la disponibilité intellectuelle pour s’y intéresser,
- bien souvent elle n’est en fin de compte pas bien spectaculaire, et y accéder n’offre pas de “plaisir” particulier.
L’attention est plus facilement captée par des informations spectaculaires qui n’ont pas besoin d’être importantes, pas même d’être vraies. De fait, dans un écosystème basé sur l’audience, tout a tendance à devenir du spectacle, de la mise en scène, du “story telling”. L’utilisateur moyen devient un spectateur paresseux qui attend d’être distrait, et de moins en moins un citoyen qui souhaite être informé.
Des virus informationnels
Du moment que n’importe qui peut écrire n’importe quoi, il y a évidemment des tas de débordements. On parle souvent de “fake news” et de “hate speech”, autrement dit les “fausses nouvelles” et les “discours de haine”. Si ces phénomènes n’ont rien de nouveau, Internet leur a apporté une nouvelle dimension : une portée bien plus large, et une illusion d’anonymat qui désinhibe la parole.
En réponse, les pouvoirs publics privilégient généralement la réponse législative : interdire certains propos, sanctionner les coupables. Ce type de réponse pose deux problèmes démocratiques :
La personnalisation, danger et opportunité
Les algorithmes trient l’information présentée à chaque utilisateur. Mais parce qu’il y a des services de “type 3”, il est possible de personnaliser pour chacun l’information, publicitaire ou pas, qu’on lui présente.
Du coup, chaque utilisateur est exposé à des informations différentes. Et c’est un cercle vicieux : plus on regarde une information, plus le même type d’information sera mise en avant par les algorithmes, et plus on regardera ce même type d’information, s’enfermant ainsi dans des “bulles” bien confortables, loin des informations qui pourraient remettre en question nos propres idées. Dans certains cas, les algorithmes de recommandation mènent à la radicalisation.
Du pouvoir des algorithmes
Vous êtes-vous jamais demandés pourquoi un résultat arrivait devant un autre dans une recherche ? Ou pourquoi votre fil d’informations sur un réseau social était rangé dans cet ordre précis ?
À l’œuvre se trouvent des algorithmes. Pour faire fonctionner le service, ils évaluent, en fonction de critères plus ou moins clairs, ce qu’il faut mettre en avant. Et ce pouvoir de trier l’information est capital : ce qui arrive en seconde page ou après est souvent ignoré faute de temps. Bien sûr ce n’est pas supprimé, bien sûr qui veut trouvera. Mais au niveau de la société, ce sont les statistiques qui comptent. Et les statistiques montrent que c’est la première information qui compte.
Tag: Information
L'importance de la diversité
L’uniformité rend un système fragile. On protège la diversité biologique pour un tas de raisons… raisonnables. L’aversion pour la consanguinité, outre qu’elle est traduite dans les usages humains, est inscrite dans le comportement instinctif de la plupart des espèces animales.
La diversité permet à une espèce d’augmenter ses chances de survie à des conditions variables. Historiquement les vraies pandémies ont décimé de grandes parties de l’humanité. Ont survécu les individus qui avaient les bons gènes.
15 mars 2020
Le doute m’a empêché d’avancer, et si je me remets à écrire, c’est qu’il s’est suffisamment estompé. Pas totalement toutefois, et je suis toujours prêt à me remettre en question face à de nouvelles informations.
Depuis mars 2020, la censure s’est abattue sur à peu près le monde entier. C’était à la fois pénible à subir et, pour qui prenait un peu de distance, riche en enseignements, notamment :
-
La censure ça n’arrive pas qu’aux autres, même nos démocraties ont montré leurs limites en termes de liberté d’expression.
Protéger la population
Dans le précédent post, la raison qui me semblait pouvoir justifier la censure était la protection de la cohésion sociale. Est-ce le seul moyen ? Est-ce le meilleur ? La réponse est négative dans les deux cas.
Il y a une raison essentielle pour laquelle les appels à la haine ont eu tant de succès en Birmanie : la population n’y était pas habituée/éduquée à Internet. Et sans cette éducation à une nécessaire distanciation de l’information reçue, l’esprit est particulièrement vulnérable.
Le temps des doutes
La liberté d’expression est un choix politique, et alors que j’en avais fait une valeur supérieure, quelques faits m’ont amené à hésiter. Vous souvenez-vous de l’histoire récente des Rohingyas en Birmanie ?
Un peu de contexte : le pays, très refermé pendant des décennies de pouvoir militaire, venait de s’ouvrir à internet. Parmi les premiers acteurs à investir ce nouveau territoire, Facebook, qui proposait notamment le zero-rating. Ainsi sponsorisé, son service a connu un succès foudroyant dans le pays.
Une pétition pour la censure
Il me semble que les diverses organisations qui proposent régulièrement de signer des pétitions en ligne sont une exploitation représentative de la dynamique participative permise par le numérique : elles proposent régulièrement des sujets de mobilisation au plus grand nombre, se faisant des relais souvent précoces de lanceurs d’alerte et contribuant à mettre une pression citoyenne sur les politiques ou les entreprises qui “agissent mal”.
Or ce matin, je reçois un mail de l’une de ces organisations, dont l’objet est de dénoncer la propagation par YouTube de vidéos climatosceptiques, et “pire”, de générer du profit du fait que ces vidéos génèrent des millions de vues. Le but de la pétition que l’on me propose de signer, est de mettre la pression sur YouTube pour interdire ces vidéos.
De l'impact des "fake news"
Les “fake news” sont à la pensée ce que le brouillard est à la vue : on se perd et on se cogne.
Article paru sur le site “Rude Baguette” début janvier :
La diffusion des fausses informations (notamment sur Internet) est devenue un des enjeux majeurs pour la politique et l’économie contemporaines. Au-delà de la pert d confiance dans les institutions et personnalités politiques (contribuant à la monté de populismes), ces fake news ont un impact sur l’économie mondiale. Une étude récente estime leur coût direct à 78 milliards de dollars. En ajoutant le coût indirect, la facture monte à 100 milliards de dollars.
Le vote c'est tous les jours
Lorsque l’économie prend le pouvoir sur le politique, l’acte de vote traditionnel perd son sens. Les gouvernements élus ne semblent plus en mesure de représenter leurs citoyens face à des investisseurs ou des créanciers. L’ancien ministre des finances grèques en témoigne.
Dans ce contexte les actes d’achet ou d’investissement sont devenus une nouvelle forme de vote. Il ne s’agit plus bien sûr d’un vote citoyen, où tout votant a une voix. Le pouvoir d’achat devient un pouvoir politique, dont la répartition n’est certes pas très égalitaire.
De la liberté d'expression 3
Suite à l’écoute de certains propos (que je pense trompeurs), j’ai questionné le pourquoi de mon attachement à une totale liberté d’expression, et à m’interroger sur ce qui pourrait justifier la censure. La protection de l’intérêt général ? Des intérêts privés ? Qui est légitime pour fixer les règles ? Et pour arbitrer ? Confier la responsabilité du tri de l’information à une autorité quelconque est-il raisonnable ?
Le chaos informationnel, ou le chaos tout court, sont ils désirables ? Sont-ils même supportables ? D’où nous vient le besoin d’ordre ? N’est-il pas inhérent à toute société ? L’humain n’est-il pas un être fondamentalement social ? Le chaos est-il soutenable dans le temps ? Ne déboucherait-il pas immanquablement sur un nouvel ordre ? Alors pourquoi préférer un nouvel ordre incertain à celui qui est en place ? N’avons-nous pas ancré en nous un besoin de stabilité et de sécurité qui serait alors la justification ultime de toute règle et de la censure ?
De la liberté d'expression 2
Bien sûr, tous les pouvoirs imposent des limites à la liberté d’expression.
Ces limites sont parfois acceptables et globalement acceptées par la population : c’est le cas en France par exemple des propos d’incitation à la haine, de propagande terroriste, de pédopornographie etc. Les EU ont même inscrit la liberté d’expression au premier amendement de leur constitution : là bas les limites sont plus larges (mais à noter que si le parti Nazi y est autorisé, divulguer des moyens pour lire des DVD est interdit par le DMCA).
De la liberté d'expression 1
Si la liberté d’expression était seulement un droit individuel, une majorité de personnes disant “je me fiche de tous ces trucs, je n’ai rien à dire ni à cacher” suffirait à légitimer la censure et la surveillance de masse.
- Au passage il faut noter la vision individualiste de ce type de propos “je me fiche que mon voisin ait des choses à dire ou à cacher” qui a comme corollaires “je n’ai pas envie d’entendre ce qu’il aurait à dire” et “s’il a des choses à cacher c’est que c’est illégal”. Évidemment l’individualisme fait partie des maux qui rongent nos sociétés, mais c’est un autre sujet.
Mais la liberté d’expression est également un bien collectif, et c’est à ce titre qu’elle doit être protégée. La question oriente bien sûr la réponse, et la question à poser pour refléter l’aspect collectif serait plutôt “faites vous aveuglément confiance au pouvoir en place pour défendre l’intérêt collectif ?”
Les serpents ont des jambes
Sans commentaires !
C’était le sujet d’un article précédent.
De la nourriture pour l'IA
PeerStorage est un projet visant à rendre aux utilisateurs le contrôle sur leurs données personnelles. En plus des enjeux abordés dans les pages du site, il y en a un autre : l’Intelligence Artificielle.
Une IA agit (prend des décisions, ou formule des recommandations) dans l’intérêt de son propriétaire (à ce stade il est intéressant de constater que l’on peut parler d’un propriétaire pour une IA, mais c’est un autre débat). Si l’IA appartient à l’utilisateur, elle agira dans son intérêt. Si elle appartient à une société ou à une collectivité, elle agira pour celles-ci.
Nous sommes tous des neurones
La théorie de l’information parle de rapport signal/bruit. Dans un environnement “bruyant” sélectionner l’information a autant si ce n’est plus de valeur que la créer. C’est notamment le modèle des “followers”, “amis” ou “cercles” des réseaux sociaux : chaque utilisateur du réseau devient un curateur des informations qu’il reçoit, il crée un fil d’informations auquel tout autre utilisateur peut s’abonner.
Ce fonctionnement s’apparente à celui que l’on retrouve au niveau biologique entre les neurones du cerveau. Ils s’interconnectent les uns aux autres par des synapses. Et certains neurones auront plus d’influence que d’autres.
De la censure par la distraction
Dans les dictatures, c’est “tais toi”. Dans les démocraties, c’est “cause toujours”. C’est une célèbre boutade, à laquelle le contexte numérique donne un tout nouvel éclairage.
Une information n’a aucun effet s’il n’y a pas d’attention en face. Quand l’information est rare et l’attention abondante, il est plus simple de contrôler la diffusion de l’information. Quand au contraire l’information est surabondante, chercher à la supprimer attire l’attention. Il est alors beaucoup plus efficace de faire du “bruit” afin de distraire l’attention de l’information gênante.
Des inconvénients de la vérité
La vérité souffre de deux inconvénients majeurs :
- elle est souvent complexe et demande des efforts pour être comprise, or peu ont la disponibilité intellectuelle pour s’y intéresser,
- bien souvent elle n’est en fin de compte pas bien spectaculaire, et y accéder n’offre pas de “plaisir” particulier.
L’attention est plus facilement captée par des informations spectaculaires qui n’ont pas besoin d’être importantes, pas même d’être vraies. De fait, dans un écosystème basé sur l’audience, tout a tendance à devenir du spectacle, de la mise en scène, du “story telling”. L’utilisateur moyen devient un spectateur paresseux qui attend d’être distrait, et de moins en moins un citoyen qui souhaite être informé.
Des virus informationnels
Du moment que n’importe qui peut écrire n’importe quoi, il y a évidemment des tas de débordements. On parle souvent de “fake news” et de “hate speech”, autrement dit les “fausses nouvelles” et les “discours de haine”. Si ces phénomènes n’ont rien de nouveau, Internet leur a apporté une nouvelle dimension : une portée bien plus large, et une illusion d’anonymat qui désinhibe la parole.
En réponse, les pouvoirs publics privilégient généralement la réponse législative : interdire certains propos, sanctionner les coupables. Ce type de réponse pose deux problèmes démocratiques :
Tag: Cohésion Sociale
15 mars 2020
Le doute m’a empêché d’avancer, et si je me remets à écrire, c’est qu’il s’est suffisamment estompé. Pas totalement toutefois, et je suis toujours prêt à me remettre en question face à de nouvelles informations.
Depuis mars 2020, la censure s’est abattue sur à peu près le monde entier. C’était à la fois pénible à subir et, pour qui prenait un peu de distance, riche en enseignements, notamment :
-
La censure ça n’arrive pas qu’aux autres, même nos démocraties ont montré leurs limites en termes de liberté d’expression.
Protéger la population
Dans le précédent post, la raison qui me semblait pouvoir justifier la censure était la protection de la cohésion sociale. Est-ce le seul moyen ? Est-ce le meilleur ? La réponse est négative dans les deux cas.
Il y a une raison essentielle pour laquelle les appels à la haine ont eu tant de succès en Birmanie : la population n’y était pas habituée/éduquée à Internet. Et sans cette éducation à une nécessaire distanciation de l’information reçue, l’esprit est particulièrement vulnérable.
Le temps des doutes
La liberté d’expression est un choix politique, et alors que j’en avais fait une valeur supérieure, quelques faits m’ont amené à hésiter. Vous souvenez-vous de l’histoire récente des Rohingyas en Birmanie ?
Un peu de contexte : le pays, très refermé pendant des décennies de pouvoir militaire, venait de s’ouvrir à internet. Parmi les premiers acteurs à investir ce nouveau territoire, Facebook, qui proposait notamment le zero-rating. Ainsi sponsorisé, son service a connu un succès foudroyant dans le pays.
Tag: Économie
De l'externalisation
De tous temps l’Homme a cherché à s’externaliser : sa force de travail confiée à des animaux puis à des machines mécaniques, sa mémoire confiée à l’écriture, sa capacité de calcul confiée aux ordinateurs, sa confiance matérialisée dans la monnaie, sa digestion confiée en partie à la cuisson, sa capacité de décider confiée à des dirigeants, sa capacité de discernement confiée à des médias, son autonomie confiée à la société.
Réflexions sur le travail 3
Je n’ai jamais considéré mon travail comme un devoir, encore moins une corvée. Ma vision de ce monde est sans doute déformée par ce postulat, et c’est en toute humilité que je la partage : je pense que personne de devrait être forcé de travailler pour vivre. L’envie me semble être un bien meilleur moteur que la menace de la pauvreté et de l’exclusion.
La paresse est un trait de caractère commun. L’économie n’en est qu’un prolongement. Dans les deux cas, le but est d’avoir “plus” avec “moins”. L’optimisation commence logiquement par ce qui coûte le plus cher. Corollaire : un faible coût n’incite pas à trouver le moyen de le réduire.
Le vote c'est tous les jours
Lorsque l’économie prend le pouvoir sur le politique, l’acte de vote traditionnel perd son sens. Les gouvernements élus ne semblent plus en mesure de représenter leurs citoyens face à des investisseurs ou des créanciers. L’ancien ministre des finances grèques en témoigne.
Dans ce contexte les actes d’achet ou d’investissement sont devenus une nouvelle forme de vote. Il ne s’agit plus bien sûr d’un vote citoyen, où tout votant a une voix. Le pouvoir d’achat devient un pouvoir politique, dont la répartition n’est certes pas très égalitaire.
Éloge de l'inefficacité
L’inefficacité est nécessaire, elle est même salvatrice.
Dans la recherche de l’efficacité on perd sa liberté d’essayer, d’inventer, de chercher, d’échouer, de créer. S’intéresser à d’autres choses, se distraire, réduit bien sûr l’efficacité… à court terme. Mais même dans un contexte économique, et dans un sens large, la curiosité est un investissement en temps, pas une perte. Elle porte l’espérance d’un enrichissement, au moins personnel, et bien souvent collectif. La curiosité c’est surtout ce qui différencie l’humain polyvalent par nature d’une machine conçue pour effectuer efficacement un ensemble réduit de tâches, mais qui n’apportera rien d’autre.
Réflexions sur le travail 2
Au fil des siècles, les outils puis les machines de plus en plus sophistiquées ont avantageusement remplacé la force physique des bêtes et des hommes. Les premières ne sont plus élevées pour travailler (labour, labeur) mais pour leurs protéines (lait, œufs, viande). Quant aux seconds, leurs emplois sont passés du secteur primaire (agriculture et élevage) au secondaire (industrie) puis au tertiaire (services). Ils se sont réfugiés dans des rôles où leur corps était de moins en moins sollicité. Et pour éviter son atrophie on a même inventé le sport.
Réflexions sur le travail 1
L’esclavage, c’est quand on est obligé de travailler pour vivre. Ainsi défini, et sauf à être rentier, les êtes humains sont donc pour la plupart des esclaves. Le maître en est l’argent et, collectivement, ceux qui le distribuent. Car pour réduire les hommes à l’esclavage, il a fallu les rendre dépendants à l’argent (tout s’achète et se vend, rien n’est gratuit, oublier l’empathie et la solidarité), et s’assurer que l’on en était l’unique fournisseur (monopole des seigneurs puis des banques centrales).
De la technologie blockchain 5-6
5. Le coût du stockage
Les utilisateurs paient donc pour enregistrer leur donnée dans la BlockChain. Et puis, cette donnée est maintenue pour l’éternité. N’est-ce pas surprenant ? Cela veut dire que les mineurs doivent indéfiniment supporter le coût de ce stockage. En réalité ils comptent sur les utilisateurs futurs afin de se financer en permanence. Et comme la BlockChain s’allonge, ils doivent stocker de plus en plus. Dépendre des prochains utilisateurs pour assurer l’avenir du stockage ça a quelques points communs avec un schéma de Ponzi. Si les utilisateurs se détournent d’une BlockChain donnée, les mineurs cessent de la maintenir, et les données stockées sont perdues.
De la technologie blockchain 3-4
3. Le gâchis de la duplication des données
Chaque mineur maintient une copie complète de la BlockChain.
Si par exemple, la BlockChain du BitCoin fait 1 téra-octet (10^12), et qu’il y a 100 000 mineurs, cela fait 100 péta-octets (10^17). C’est terriblement inefficace. Je le répète : c’est terriblement inefficace, c’est terriblement inefficace et c’est terriblement inefficace. Et je ne l’ai répété que 3 fois. Ajouter des mineurs n’augmente en rien la capacité de la BlockChain. En réalité, une BlockChain fonctionnerait tout aussi bien avec un seul mineur. Les 99 999 autres n’ont techniquement aucune utilité. On parle de confiance certes, mais une centaine de mineurs indépendants, ce serait largement suffisant pour la garantir.
De la technologie blockchain 1-2
Quand je parle de stockage décentralisé de données, mes interlocuteurs pensent inévitablement à la BlockChain, et c’est pourquoi je tiens à en parler ici.
La BlockChain est une technologie permettant de stocker un registre de façon décentralisée et très difficilement falsifiable. Ces caractéristiques sont intéressantes lorsque l’on cherche à se passer d’un tiers de confiance pour garantir des écritures.
Il devient notamment possible de conserver des livres de comptes sur lesquels on peut bâtir tout un système monétaire : chaque écriture débite un compte et en crédite un autre. Les cryptomonnaies ont ainsi constitué les premières applications de la BlockChain.
L'économie est-elle le prochain fléau ?
Parfois je me demande si l’humanité n’a pas crée, par l’économie et la finance, son propre golem.
Cela fait des siècles que les entreprises sont devenues des personnes morales. À ce titre elles ont des intérêts et des droits, qui s’opposent bien souvent à ceux des personnes physiques, c’est à dire des citoyens. De plus leur durée de vie n’est pas limitée, ce qui est un avantage immense sur toute personne physique.
Des inconvénients de la vérité
La vérité souffre de deux inconvénients majeurs :
- elle est souvent complexe et demande des efforts pour être comprise, or peu ont la disponibilité intellectuelle pour s’y intéresser,
- bien souvent elle n’est en fin de compte pas bien spectaculaire, et y accéder n’offre pas de “plaisir” particulier.
L’attention est plus facilement captée par des informations spectaculaires qui n’ont pas besoin d’être importantes, pas même d’être vraies. De fait, dans un écosystème basé sur l’audience, tout a tendance à devenir du spectacle, de la mise en scène, du “story telling”. L’utilisateur moyen devient un spectateur paresseux qui attend d’être distrait, et de moins en moins un citoyen qui souhaite être informé.
Tag: Éducation
De l'impact des "fake news"
Les “fake news” sont à la pensée ce que le brouillard est à la vue : on se perd et on se cogne.
Article paru sur le site “Rude Baguette” début janvier :
La diffusion des fausses informations (notamment sur Internet) est devenue un des enjeux majeurs pour la politique et l’économie contemporaines. Au-delà de la pert d confiance dans les institutions et personnalités politiques (contribuant à la monté de populismes), ces fake news ont un impact sur l’économie mondiale. Une étude récente estime leur coût direct à 78 milliards de dollars. En ajoutant le coût indirect, la facture monte à 100 milliards de dollars.
De l'auto-hébergement
Pour assurer sa vie privée, il faut éviter de recourir aux services tiers. Une solution est l’auto-hébergement. Mais l’auto-hébergement ça ne peut pas fonctionner à grande échelle.
Certes ça fonctionne pour une fraction infime des utilisateurs, pour l’élite. Pour ceux qui ont compris les enjeux, qui ont les compétences techniques et qui disposent du temps pour s’en occuper.
Il y a les considérations techniques : pour bien s’auto-héberger, outre l’installation et la maintenance d’un serveur (que quelques solutions tentent de simplifier), il faut assurer la continuité du service, c’est à dire la permanence de la connectivité et de l’alimentation. Il faut également assurer la reprise de service en cas de désastre, c’est à dire mettre en place une politique de réplication continue rigoureuse, ou au moins de sauvegarde périodique. Et puis, parce que tout service est la cible d’attaques diverses, il faut effectuer une veille permanente afin de détecter au plus tôt les intrusions et les vols de données.
Les serpents ont des jambes
Sans commentaires !
C’était le sujet d’un article précédent.
De la censure par la distraction
Dans les dictatures, c’est “tais toi”. Dans les démocraties, c’est “cause toujours”. C’est une célèbre boutade, à laquelle le contexte numérique donne un tout nouvel éclairage.
Une information n’a aucun effet s’il n’y a pas d’attention en face. Quand l’information est rare et l’attention abondante, il est plus simple de contrôler la diffusion de l’information. Quand au contraire l’information est surabondante, chercher à la supprimer attire l’attention. Il est alors beaucoup plus efficace de faire du “bruit” afin de distraire l’attention de l’information gênante.
Des virus informationnels
Du moment que n’importe qui peut écrire n’importe quoi, il y a évidemment des tas de débordements. On parle souvent de “fake news” et de “hate speech”, autrement dit les “fausses nouvelles” et les “discours de haine”. Si ces phénomènes n’ont rien de nouveau, Internet leur a apporté une nouvelle dimension : une portée bien plus large, et une illusion d’anonymat qui désinhibe la parole.
En réponse, les pouvoirs publics privilégient généralement la réponse législative : interdire certains propos, sanctionner les coupables. Ce type de réponse pose deux problèmes démocratiques :
Tag: Données
De l'auto-hébergement
Pour assurer sa vie privée, il faut éviter de recourir aux services tiers. Une solution est l’auto-hébergement. Mais l’auto-hébergement ça ne peut pas fonctionner à grande échelle.
Certes ça fonctionne pour une fraction infime des utilisateurs, pour l’élite. Pour ceux qui ont compris les enjeux, qui ont les compétences techniques et qui disposent du temps pour s’en occuper.
Il y a les considérations techniques : pour bien s’auto-héberger, outre l’installation et la maintenance d’un serveur (que quelques solutions tentent de simplifier), il faut assurer la continuité du service, c’est à dire la permanence de la connectivité et de l’alimentation. Il faut également assurer la reprise de service en cas de désastre, c’est à dire mettre en place une politique de réplication continue rigoureuse, ou au moins de sauvegarde périodique. Et puis, parce que tout service est la cible d’attaques diverses, il faut effectuer une veille permanente afin de détecter au plus tôt les intrusions et les vols de données.
Des frontières du numérique
Internet a été conçu pour traverser les frontières géographiques. À ce titre, toutes les mesures mises en œuvre pour reproduire sur Internet ces frontières sont contre nature et s’avéreront au mieux inutiles, au pire contre-productives. Internet n’est pas un espace sans lois, mais il faut bien comprendre que ses lois ne sont pas liées à celles de l’espace géographique.
La véritable question des données n’est pas de savoir où elles sont stockées, mais qui y a accès. Cette distinction est propre au numérique et elle est essentielle. Dans le “monde réel”, celui qui stocke un objet y a forcément accès. Dans le “monde numérique”, on peut stocker des données, mais être incapable d’y accéder, parce qu’elles sont chiffrées et que l’on n’en détient pas la clé.
De la technologie blockchain 5-6
5. Le coût du stockage
Les utilisateurs paient donc pour enregistrer leur donnée dans la BlockChain. Et puis, cette donnée est maintenue pour l’éternité. N’est-ce pas surprenant ? Cela veut dire que les mineurs doivent indéfiniment supporter le coût de ce stockage. En réalité ils comptent sur les utilisateurs futurs afin de se financer en permanence. Et comme la BlockChain s’allonge, ils doivent stocker de plus en plus. Dépendre des prochains utilisateurs pour assurer l’avenir du stockage ça a quelques points communs avec un schéma de Ponzi. Si les utilisateurs se détournent d’une BlockChain donnée, les mineurs cessent de la maintenir, et les données stockées sont perdues.
De la technologie blockchain 3-4
3. Le gâchis de la duplication des données
Chaque mineur maintient une copie complète de la BlockChain.
Si par exemple, la BlockChain du BitCoin fait 1 téra-octet (10^12), et qu’il y a 100 000 mineurs, cela fait 100 péta-octets (10^17). C’est terriblement inefficace. Je le répète : c’est terriblement inefficace, c’est terriblement inefficace et c’est terriblement inefficace. Et je ne l’ai répété que 3 fois. Ajouter des mineurs n’augmente en rien la capacité de la BlockChain. En réalité, une BlockChain fonctionnerait tout aussi bien avec un seul mineur. Les 99 999 autres n’ont techniquement aucune utilité. On parle de confiance certes, mais une centaine de mineurs indépendants, ce serait largement suffisant pour la garantir.
De la technologie blockchain 1-2
Quand je parle de stockage décentralisé de données, mes interlocuteurs pensent inévitablement à la BlockChain, et c’est pourquoi je tiens à en parler ici.
La BlockChain est une technologie permettant de stocker un registre de façon décentralisée et très difficilement falsifiable. Ces caractéristiques sont intéressantes lorsque l’on cherche à se passer d’un tiers de confiance pour garantir des écritures.
Il devient notamment possible de conserver des livres de comptes sur lesquels on peut bâtir tout un système monétaire : chaque écriture débite un compte et en crédite un autre. Les cryptomonnaies ont ainsi constitué les premières applications de la BlockChain.
Comment les données alimentent le fascisme
Yuval Noah Harari explique très bien en quoi les données sont un enjeu de pouvoir, et donc pourquoi éviter leur concentration est indispensable à la sauvegarde de la démocratie. C’est évidemment très bien aligné avec l’idée de PeerStorage dans sa dimension politique.
La suite est reprise depuis le site de TED (je n’ai fait que traduire pour la version en Français).
Introduction
Dans un discours profond sur la technologie et le pouvoir, l’auteur et historien Yuval Noah Harari explique la différence importante entre le fascisme et le nationalisme - et ce que la consolidation de nos données signifie pour l’avenir de la démocratie.
De la nourriture pour l'IA
PeerStorage est un projet visant à rendre aux utilisateurs le contrôle sur leurs données personnelles. En plus des enjeux abordés dans les pages du site, il y en a un autre : l’Intelligence Artificielle.
Une IA agit (prend des décisions, ou formule des recommandations) dans l’intérêt de son propriétaire (à ce stade il est intéressant de constater que l’on peut parler d’un propriétaire pour une IA, mais c’est un autre débat). Si l’IA appartient à l’utilisateur, elle agira dans son intérêt. Si elle appartient à une société ou à une collectivité, elle agira pour celles-ci.
De l'éternité des données
Est-il important, est-il raisonnable, que toutes les données produites soient conservées pour l’éternité ?
C’est ce que la plupart des utilisateurs attendent d’un service où ils déposent leurs données, mais la question mérite d’être posée dans un contexte de développement durable. Car cette conservation a un coût dans le temps qu’il faut bien couvrir d’une façon ou d’une autre. Compter sur des ressources infinies, ou pire, compter sur les générations futures, c’est commettre la même erreur que les pionniers du charbon et du pétrole.
Tag: Vie Privée
De l'auto-hébergement
Pour assurer sa vie privée, il faut éviter de recourir aux services tiers. Une solution est l’auto-hébergement. Mais l’auto-hébergement ça ne peut pas fonctionner à grande échelle.
Certes ça fonctionne pour une fraction infime des utilisateurs, pour l’élite. Pour ceux qui ont compris les enjeux, qui ont les compétences techniques et qui disposent du temps pour s’en occuper.
Il y a les considérations techniques : pour bien s’auto-héberger, outre l’installation et la maintenance d’un serveur (que quelques solutions tentent de simplifier), il faut assurer la continuité du service, c’est à dire la permanence de la connectivité et de l’alimentation. Il faut également assurer la reprise de service en cas de désastre, c’est à dire mettre en place une politique de réplication continue rigoureuse, ou au moins de sauvegarde périodique. Et puis, parce que tout service est la cible d’attaques diverses, il faut effectuer une veille permanente afin de détecter au plus tôt les intrusions et les vols de données.
Tag: Blockchain
De la technologie blockchain 5-6
5. Le coût du stockage
Les utilisateurs paient donc pour enregistrer leur donnée dans la BlockChain. Et puis, cette donnée est maintenue pour l’éternité. N’est-ce pas surprenant ? Cela veut dire que les mineurs doivent indéfiniment supporter le coût de ce stockage. En réalité ils comptent sur les utilisateurs futurs afin de se financer en permanence. Et comme la BlockChain s’allonge, ils doivent stocker de plus en plus. Dépendre des prochains utilisateurs pour assurer l’avenir du stockage ça a quelques points communs avec un schéma de Ponzi. Si les utilisateurs se détournent d’une BlockChain donnée, les mineurs cessent de la maintenir, et les données stockées sont perdues.
De la technologie blockchain 3-4
3. Le gâchis de la duplication des données
Chaque mineur maintient une copie complète de la BlockChain.
Si par exemple, la BlockChain du BitCoin fait 1 téra-octet (10^12), et qu’il y a 100 000 mineurs, cela fait 100 péta-octets (10^17). C’est terriblement inefficace. Je le répète : c’est terriblement inefficace, c’est terriblement inefficace et c’est terriblement inefficace. Et je ne l’ai répété que 3 fois. Ajouter des mineurs n’augmente en rien la capacité de la BlockChain. En réalité, une BlockChain fonctionnerait tout aussi bien avec un seul mineur. Les 99 999 autres n’ont techniquement aucune utilité. On parle de confiance certes, mais une centaine de mineurs indépendants, ce serait largement suffisant pour la garantir.
De la technologie blockchain 1-2
Quand je parle de stockage décentralisé de données, mes interlocuteurs pensent inévitablement à la BlockChain, et c’est pourquoi je tiens à en parler ici.
La BlockChain est une technologie permettant de stocker un registre de façon décentralisée et très difficilement falsifiable. Ces caractéristiques sont intéressantes lorsque l’on cherche à se passer d’un tiers de confiance pour garantir des écritures.
Il devient notamment possible de conserver des livres de comptes sur lesquels on peut bâtir tout un système monétaire : chaque écriture débite un compte et en crédite un autre. Les cryptomonnaies ont ainsi constitué les premières applications de la BlockChain.
Tag: Attention
De la censure par la distraction
Dans les dictatures, c’est “tais toi”. Dans les démocraties, c’est “cause toujours”. C’est une célèbre boutade, à laquelle le contexte numérique donne un tout nouvel éclairage.
Une information n’a aucun effet s’il n’y a pas d’attention en face. Quand l’information est rare et l’attention abondante, il est plus simple de contrôler la diffusion de l’information. Quand au contraire l’information est surabondante, chercher à la supprimer attire l’attention. Il est alors beaucoup plus efficace de faire du “bruit” afin de distraire l’attention de l’information gênante.
Tag: Algorithmes
La personnalisation, danger et opportunité
Les algorithmes trient l’information présentée à chaque utilisateur. Mais parce qu’il y a des services de “type 3”, il est possible de personnaliser pour chacun l’information, publicitaire ou pas, qu’on lui présente.
Du coup, chaque utilisateur est exposé à des informations différentes. Et c’est un cercle vicieux : plus on regarde une information, plus le même type d’information sera mise en avant par les algorithmes, et plus on regardera ce même type d’information, s’enfermant ainsi dans des “bulles” bien confortables, loin des informations qui pourraient remettre en question nos propres idées. Dans certains cas, les algorithmes de recommandation mènent à la radicalisation.
Du pouvoir des algorithmes
Vous êtes-vous jamais demandés pourquoi un résultat arrivait devant un autre dans une recherche ? Ou pourquoi votre fil d’informations sur un réseau social était rangé dans cet ordre précis ?
À l’œuvre se trouvent des algorithmes. Pour faire fonctionner le service, ils évaluent, en fonction de critères plus ou moins clairs, ce qu’il faut mettre en avant. Et ce pouvoir de trier l’information est capital : ce qui arrive en seconde page ou après est souvent ignoré faute de temps. Bien sûr ce n’est pas supprimé, bien sûr qui veut trouvera. Mais au niveau de la société, ce sont les statistiques qui comptent. Et les statistiques montrent que c’est la première information qui compte.
Tag: Cohésion
La personnalisation, danger et opportunité
Les algorithmes trient l’information présentée à chaque utilisateur. Mais parce qu’il y a des services de “type 3”, il est possible de personnaliser pour chacun l’information, publicitaire ou pas, qu’on lui présente.
Du coup, chaque utilisateur est exposé à des informations différentes. Et c’est un cercle vicieux : plus on regarde une information, plus le même type d’information sera mise en avant par les algorithmes, et plus on regardera ce même type d’information, s’enfermant ainsi dans des “bulles” bien confortables, loin des informations qui pourraient remettre en question nos propres idées. Dans certains cas, les algorithmes de recommandation mènent à la radicalisation.